Retour Mission RSNA 2022

Près de 38 000 participants étaient rassemblés à Chicago du 27 novembre au 1er décembre, pour découvrir les dernières avancées en matière de recherche et d'éducation dans le domaine de l'imagerie médicale. Après un épisode 2021 en demi-teinte, le congrès de la Société Nord-Américaine de Radiologie a retrouvé la grandeur qui le caractérise. Enfin presque… Le COVID a laissé son empreinte : certains stands se font un peu plus petits et les machines sont parfois remplacées par de grands écrans.

Désormais accessible en 100% virtuel ces chiffres de participation démontrent tout de même que les interactions réelles restent très recherchées, tant lors des sessions de formation, que sur les stands de l’exposition technique.

Le congrès s’articulait cette année autour de la thématique Empowering Patients and Partners in Care. Couvrant un spectre plus large que l’imagerie médicale et allant au-delà des frontières américaines : elle soulignait l'importance de l'empathie, de la diversité et de l'équité dans les soins de santé.

L’exposition technique comptait plus de 640 stands - dont 120 rassemblés au sein du AI showcase - et un grand nombre de premiers exposants, notamment en impression 3D.

L’imagerie médicale n’échappe pas au contexte mondial

Les fournisseurs témoignent tous d’une année 2022 difficile sur le plan logistique. Les ruptures d’approvisionnement soudaines se sont multipliées et certains composants voient soudainement leur coût exploser. Conséquences directes : des délais de livraison qui s’allongent et des reports d’installation de dernière minute qui ne tiennent plus du cas exceptionnel. La désorganisation est globale, de l’accès aux matières premières au manque de chauffeurs pour assurer les livraisons.

Autre pénurie constatée au niveau mondial : le manque de manipulateurs radio. Face à ce manque de personnel les fournisseurs proposent de nouveaux outils permettant à des manipulateurs experts de prendre la main à distance sur des systèmes pour assister leurs collègues moins rôdés sur certaines acquisitions. Dans cette veine, les derniers échographes se parent d’une webcam pour faciliter les échanges à distance.

Et la France dans tout ça ?

Si la France reste un acteur minoritaire en imagerie médicale, les nombreuses initiatives de French Healthcare doivent être soulignées pour faire reconnaitre le savoir-faire français en santé à l’étranger. Les entreprises hexagonales se font notamment une place visible au sein de l’AI showcase de ce RSNA.

Côté évolution du parc, nous sommes passés, de 2019 à 2022, de 1200 à 1360 scanners, et de 1000 à 1190 IRM (Hospimedia). Cette hausse de 15% masque des disparités régionales importantes et ne suffit pas à rattraper le taux d’équipement de nos voisins européens (Cocir).

Deux décrets publiés en septembre viennent accompagner ce mouvement en facilitant la délivrance de nouvelles autorisations et en structurant les activités de radiologie interventionnelle.

Côté Modalités

 

L’IRM : les champs des possibles

Avec 78% des IRM française de moins de 5ans, la France dispose du parc le plus récent d’Europe. Nous sommes donc des habitués des nouvelles séquences et des apports de l’IA… Du moins pour les IRM 1,5T et 3T.

Car l’IRM connait aussi des développements sur des champs très différents :

- Très haut champ : près de 120 IRM 7T sont déployés dans le monde, la majorité uniquement à des fins de recherche. Quelques sites accueillent désormais une activité clinique, en neurologie très majoritairement et ponctuellement en musculo-squelettique.

- Bas champ : Siemens commercialise l’IRM Free Max, 0,55T. Elle permet la prise en charge de patients actuellement contrindiqués (patients obèses ou claustrophobes). Ses contraintes d’implantations réduites en facilitent aussi l’installation pour de nombreux pays.

- Très bas champ : L’IRM Hyperfine SWOOP permet des acquisitions neuro à 0,064T. Mobile et ne nécessitant pas de cage de Faraday cette technologie intéresse les services de soins critiques. La réalisation sur le stand d’Hyperfine d’une IRM cérébrale en live, reste une véritable curiosité !

 

Photo-counting CT : une révolution qui va compter !

Si actuellement, seule la société Siemens dispose d’un produit commercialisé (Naeotom Alpha), le nombre important de posters présentés laisse deviner les prototypes à l’essai des autres constructeurs. L’ensemble des présentations aboutissent aux mêmes conclusions : le comptage photonique améliore les rapports signal-sur-bruit et contraste-sur-bruit. Le tout avec une dosimétrie moindre. A l’image de Canon qui a racheté la société Redlen en septembre 2021, les constructeurs de scanners se rapprochent des sociétés possédant la technologie de fabrication de ces nouveaux détecteurs.

De nombreuses études sont actuellement en cours pour en démontrer l’intérêt clinique. Son apport a notamment été exposé par le Pr Tietz (Aix-la-Chapelle – Allemagne) en cardiologie pédiatrique (Daily bulletin RSNA). D’autres recherches visent à évaluer son impact dans le suivi de la pathologie coronaire.

 

Le TEP élargit son champ de vue

Près de 20 systèmes TEP-CT grand champ ont été vendus dans le monde. Deux fournisseurs les commercialisent : Siemens (TEP Vision Quadra - FOV de 106cm) et United Imaging (TEP uEXPLORER - FOV 194cm). GE qui présentait son nouveau TEP-CT Omni, annonce sa possibilité d’upgrade à 64 puis 128cm d’ici 2 ans.

D’une valeur de plus de 10M€ et principalement orientés recherche, deux systèmes seront déployés en France dans quelques mois : à La Réunion et en Martinique.

 

Systèmes d’information en imagerie : branchés sur l’IA !

Les nouveaux algorithmes d’intelligence artificielle deviennent plus facilement accessibles, soit en étant intégrés de base aux PACS ou serveurs de post-traitement, soit par un accès facilité à une plateforme (marketplace).

Les systèmes d’imagerie gagnent en précision (résolution spatiale, imagerie spectrale, …). Les solutions d’interprétation s’adaptent aussi à ces examens de plus en plus volumineux.

 

Vie des entreprises et principales sorties commerciales

Annoncée en novembre 2021, General Electric scinde ses activités et crée trois sociétés distinctes dans les secteurs de l'aviation, de la santé et de l'énergie. La société GE Healthcare a été introduite en bourse le 7 janvier 2023.

GE Healthcare avait précédemment achevé le rachat de BK médical en décembre 2021.

 

Quelques sorties présentées sur ce RSNA 2022 :

GE : IRM 1.5T Signa Victor, TEP-CT numérique Omni, et échographe BK Activ.

Siemens : IRM 7T Magnetom Terra.x et nouvel IRM 3T Cima.x qui succède au Prisma.

Fujifilm : lancement d’une IRM 1,5 T -  Echellon Synergy

Nouveaux capteurs Rx portables (sans plaque de verre) : Carestream (40*120) et Fuji (40*80)

Fuji : FDR Cross C-Arm, un arceau de bloc « hybride » avec le mobile de graphie permettant de d’inter-changer les capteurs. Non marqué CE à ce jour.

 

Vous avez dit développement durable ?

Le dérèglement climatique et le développement durable ne semblaient pas concerner nos amis américains en cette fin novembre... Nous avons été frappés par l’absence totale de cette thématique sur le congrès : aucune session, étude, ou même focus particulier sur les stands.

Seule avancée notable sur ce point : la généralisation des upgrades lourds d’IRM avec remplacement de l’ensemble des éléments électroniques et informatiques, tout en conservant l’aimant. Un bilan carbone légèrement diminué donc… Mais pour une motivation d’abord économique.

Les températures polaires observées aux USA en cette fin d’année provoqueront-elles un début de prise de conscience ?

 

Publications à venir :

Deux articles seront publiés par IRBM au 1er trimestre 2023 :

  • Le point sur les actualités en IRM et scanner, par Carine Coulon et Pauline Miens
  • Une vision des systèmes d’information en Imagerie, par Benoît Fondeur et Robin Gigleux.